En 20 ans, le pourcentage de cadres dans l’emploi salarié a progressé de 62 %. Dans le même temps, ils s’éloignent de plus de plus de leurs employeurs. Une forme de sagesse ?

Des cadres en augmentation et en plein doute

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Selon l’étude de l’Apec « 1990-2010 : les cadres vingt ans après », les managers n’ont pas le moral. Pourtant, selon ce travail, le nombre de cadres est en forte augmentation depuis 20 ans. Ainsi, la part des cadres dans l’emploi salarié du secteur marchand atteint désormais les 21 %. Elle était de 15 % il y a vingt ans. On compte donc aujourd’hui 3, 5 millions de cadres contre 2 millions en 1990. Bref, la société française s’est doucement mais sûrement orientée vers une économie de la connaissance. Une structure où les cadres prennent de plus en plus de place au détriment des catégories sociales les plus basses.

Ce fort développement s’est accompagné de mutation sensible avec une féminisation de cette catégorie (34 % de femmes en 2010 contre 23 % en 2010) et une augmentation de leur niveau d’études.

« LA CONFIANCE CHUTE »

Deuxième phénomène pointé par l’Apec : la banalisation des managers. En 2010, le cadre est, moins qu’en 1990, le relais de la direction. Sont passés par là une certaine précarisation de ces « chefs » avec un chômage en augmentation, un recours au CDD (44 % des cadres de 2010 ont connu ce statut contre 7 % en 1993), à l’intérim (« 32 % des cadres ont déjà exercé un emploi en intérim en 2010, contre 9 % en 1993 ») et une proportion de plus en plus importante de cadres qui n’encadrent pas.
Résultat, même si les cadres se voient jouer un rôle moteur dans l’entreprise, « la confiance chute », comme le précise l’Apec. « En 2010, 51 % des cadres jugent que la situation des cadres a évolué de manière défavorable ces dernières années, soit 39 points de plus qu’en 1990 ». De même, seuls 53 % des cadres considèrent que la stratégie de leur entreprise va dans le bon sens. Cela signifie aussi qu’une petite moitié doute de leurs dirigeants. Au global, 22 % des cadres interrogés s’estiment actuellement gagnants entre leur investissement dans le travail et ce qu’ils reçoivent en retour (rémunération, évolution de carrière…). 41 % des autres cadres considèrent être perdants. 37 % se disent ni gagnants ni perdants.

« ILS NE SONT PAS DUPES »

L’Apec dresse donc un portrait du cadre 2010 ni en rupture, ni en adhésion. Les cadres d’aujourd’hui « s’affichent en distance raisonnée de leur entreprise », précise l’étude. Avec un encadrement que l’Apec réparti en cinq groupes. Les satisfaits représentent 27 % des managers et les insatisfaits 19 %. Ces deux populations sont diamétralement opposées. Entre les deux, on trouve les débordés (17 % des cadres), les pragmatiques (23 %) et les distanciés (14 %). Conclusion : la plupart des cadres « ne remettent pas radicalement en cause les modes de gestion et les stratégies adoptées ». Mais « ils ne sont pas dupes et considèrent que les questions sociales, ou les impacts humains des décisions, ne constituent pas les priorités de leurs dirigeants… ». Une forme de sagesse.

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